La microélectronique est partout. L'innovation dans cette industrie évolue à la vitesse de lla lumière. Mais comment ? Ce balado produit en 2020 est disponible en anglais. Une traduction en français est disponible ci-dessous.
En partageant votre stratégie avec un partenaire, ce partenaire peut apporter un point de vue différent sur la façon dont vous pourriez aborder ce marché. »
-Normand Bourbonnais
Normand Bourbonnais œuvre dans le domaine de la microélectronique depuis près de 40 ans. Il a occupé différents postes de direction dans la production, le contrôle qualité, l’ingénierie et le développement de produits avant de piloter un projet d’avant-garde, soit la mise sur pied du plus important centre de recherche en microélectronique au Canada : le Centre de collaboration MiQro Innovation (C2MI).
Trait d’union unique et vital entre la recherche pure et les besoins de l’industrie, l’environnement du C2MI jette les bases de la recherche et du développement de produits pour tous les segments de marché. Modèle unique, le C2MI offre une infinité d’opportunités de collaboration et d’affaires liées à l’ensemble des domaines entourant la fabrication de systèmes embarqués.
M. Bourbonnais a ensuite travaillé avec plusieurs partenaires industriels et regroupements associatifs pour former l’un des premiers pôles d’excellence de la démarche ACCORD, l’ISEQ, impliqué dans le monde des systèmes électroniques au Québec.
Finalement, il a piloté une équipe pour déposer la candidature de zone d’innovation en système électronique intelligent dans la belle ville de Bromont. L’obtention de la désignation de cette zone d’innovation se veut la reconnaissance de l’impact des systèmes électroniques, de ses capteurs sur l’économie québécoise. Cette industrie est au cœur même de la transformation numérique qui changera notre société.
PDG de Technum Québec, l’une des deux premières zones d’innovation au Québec, il compte bien continuer de faire rayonner l’électronique sur le grand territoire québécois.
N. Bourbonnais est titulaire d’un diplôme en génie mécanique de l’Université de Montréal (École Polytechnique) et d’un MBA de l’Université Concordia.
Transcription de l'épisode 06 de Market Hunt - C2MI
Thierry Harris : Qu'est-ce que l'innovation ? Comment le planifions-nous ? Comment l'intégrons-nous à nos processus de fabrication ? Les grandes idées sont partout, si seulement nous pouvions les construire.
Norman Bourbonnais : C'est le problème. Les gens ont toutes ces bonnes idées, mais la plupart du temps, nous ne pouvons tout simplement pas le faire seuls.
Thierry : Dans cet épisode de Market Hunt, nous rencontrons Norman Bourbonnais au C2MI, un centre collaboratif de micro-innovation. Son organisation prend vos idées et les concrétise. Restez à l'écoute.
Nick Quain : L'entrepreneuriat est difficile, vous devez avoir du soutien là-bas.
Thierry : J'espère que ce sera rapide et indolore aujourd'hui, peut-être même un peu agréable.
Norman : Nous n'avons pas cette grande entreprise qui positionnerait le Canada de la bonne façon. En partageant votre stratégie avec un partenaire, ce partenaire peut apporter un point de vue différent sur la façon dont vous pourriez aborder ce marché.
Thierry : Nous avons des idées assez intéressantes.
Andrew Casey : résolvez le problème. Résolvez tout.
Thierry : Nous réglons tout ça. [musique]
Bonjour, Thierry Harris est ici. Dans cet épisode de Market Hunt, nous explorons l'innovation qui se produit dans la fabrication de la microélectronique. Aujourd'hui, la microélectronique est utilisée partout, des capteurs dans nos voitures à nos téléphones et dans nos appareils de cuisine. L'Internet des objets, associé à l'intelligence artificielle, ouvre une nouvelle ère de connectivité sans précédent. Pour créer ces machines connectées, les fabricants doivent constamment modifier et ajuster leurs processus de fabrication. Ils veulent rendre leurs appareils électroniques plus puissants, plus petits et à un prix plus abordable.
L'industrie de la microélectronique est principalement intégrée horizontalement avec un ensemble de PME qui se font concurrence pour produire des composants destinés à alimenter des multinationales intégrées verticalement, comme Apple ou de grandes entreprises de télécommunications. Ces entreprises assemblent ensuite leurs composants en un produit final. Faire affaire avec ces multinationales nécessite une capacité de fabrication et une certitude des prix lors du développement des millions d'unités, qui s'intégreront à leurs systèmes électroniques.
Les entreprises en démarrage de semi-conducteurs font également leur entrée en scène avec des accélérateurs qui ont émergé au cours des dernières années pour favoriser leur croissance et injecter de nouvelles sources d'investissements en capital.
Comment passer d'une idée brillante à la commercialisation d'un produit microélectronique ? Entrez dans le centre collaboratif de micro-innovation ou C2MI. Il est situé dans une petite ville de Bromont, à environ une heure à l'est de Montréal. Le C2MI est le fruit d'une collaboration sans précédent entre l'industrie, le milieu universitaire et les gouvernements provinciaux et fédéral. Sa vocation est de faire progresser la recherche sur la fabrication de la microélectronique afin d'accélérer la commercialisation des produits microélectroniques.
Norman Bourbonnais : Peu importe ce dont vous avez besoin, si vous voulez intégrer l'électronique à votre produit, C2MI est le bon point de départ.
Thierry : C2MI facilite la collaboration entre les entreprises à la recherche de solutions microélectroniques pour optimiser leurs produits. Les partenaires industriels fondateurs de C2MI sont Teledyne DALSA et IBM. Tous deux ont des usines près des installations de C2MI et possèdent de l'équipement à l'intérieur, qu'ils partagent avec les clients pour aider à développer les produits microélectroniques. Le centre entretient également des liens étroits avec le milieu universitaire avec l'Université de Sherbrooke comme partenaire fondateur académique. En commençant par une dizaine d'employés, elle compte maintenant plus de 50 employés à temps plein, dont beaucoup sont des ingénieurs spécialisés dans l'utilisation des machines nécessaires à la fabrication de ces produits microélectroniques.
Norman : Il y a encore tant à faire. Vous n'y croirez pas, mais de toute façon, vous pouvez passer de quatre personnes à 500 en quelques années au sein d'un type d'organisation comme celui que nous avons, qui est vraiment basé sur les compétences et les connaissances des personnes. Ce n'est tout simplement pas possible parce que nous n'avons pas vraiment d'universités qui forment, je dirais, des gens dans le domaine que nous avons, et nous devons donc offrir une formation en cours d'emploi à la plupart des gens que nous avons.
Thierry : La difficulté d'obtenir des talents et le temps qu'il faut pour former les gens à travailler sur la version 1.0 de la machine limitent le potentiel de croissance de C2MI. Norman estime que le C2MI croîtra de 20 à 25 % par année. L'idée originale de C2MI était de faire en sorte que les entreprises paient un abonnement pour accéder à leur équipement et à leur savoir-faire. Le modèle a évolué depuis.
Norman : Au début, nous pensions que les gens viendraient à C2MI et qu'ils utiliseraient tous les outils dont nous disposons pour qu'ils puissent acquérir leurs connaissances et être capables de faire leur propre développement sans aucun problème. Maintenant, l'ensemble d'outils, l'équipement scientifique dont nous disposons sont beaucoup plus complexes que nous ne le pensions au départ. Lorsque nous avons essayé de former les gens à l'utilisation de l'ensemble d'outils, ils avaient vraiment de la difficulté et essayaient de comprendre comment l'outil fonctionnait, comment ils pouvaient vraiment être efficaces dans leur propre développement.
Nous sommes partis de quatre ingénieurs et nous sommes près de 50 personnes qui travaillent maintenant chez C2MI et c'est vraiment la raison. Nous avons remarqué que si nous pouvions offrir le service de faire en collaboration avec eux le travail de développement en faisant fonctionner l'ensemble d'outils, en faisant la conception de l'expérience avec eux tout le temps en collaboration, ce serait beaucoup plus efficace parce que nous apporterions sur la table, pas seulement l'expertise dont nous disposons
conçu pour eux, mais l'expertise que nous avons acquise pour tous les autres clients dans le passé.
Ce qui a vraiment fait la grande différence, c'est le fait que ces multinationales qui ont investi des millions de dollars avec nous au début où elles ont fourni des outils, elles ont offert des options, elles paient les coûts opérationnels pour qu'elles aient accès à cet outil, non seulement elles l'ont fait, mais en même temps, elles ont partagé leur PI avec nous et pour une seule raison typique. Il est difficile pour une multinationale de s'intéresser à une entreprise en démarrage. Ils reçoivent des dizaines d'appels par semaine et ils n'ont tout simplement pas les ressources et le risque est trop important.
Les grands constructeurs se pencheront toujours sur un modèle qui leur donnera une indication sur le rendement de leur investissement. Ils examineront les risques associés au projet. Cette start-up vient avec quelque chose de beaucoup plus risqué, de sorte qu'ils ne savent pas s'ils vont avoir un rendement. Là, ils sont un peu plus réticents si vous voulez commencer une relation avec une startup. Ils examineront la disponibilité du marché pour cette entreprise en démarrage. Être une petite PME peut être difficile de parler avec Apple ou de parler à Samsung parce que vous êtes une jeune entreprise.
Même si vous avez une idée merveilleuse, il y a de fortes chances qu'ils ne vous écoutent même pas à court terme. Ils examineront le délai de retour à l'argent et le temps qu'il leur faudra pour obtenir un rendement sur leur investissement. S'il s'agit de plus de deux ou trois ans, c'est peut-être un peu trop long. Ils examineront le niveau des revenus. C'est intéressant de traiter avec une entreprise en démarrage, mais si elle ne vous donne que cent ou 200 000$ par année, l'effort est tout simplement trop important.
Thierry : Lorsque C2MI est approchée par une multinationale, ce sera souvent pour produire quelque chose d'unique qui lui donnera un avantage sur ses concurrents.
Norman : Certains d'entre eux obtiennent une technologie qui est si essentielle pour eux qu'ils veulent que la relation que nous entretenons avec eux garde secrète. Je ne pourrai pas parler de ces multinationales qui sont présentes dans les grands domaines, dans les télécommunications, mais vous pouvez essayer de voir qui cela pourrait être. Ces gars-là sont là pour développer des technologies afin que leur produit soit seul sur leur marché. Nous insistons sur des capteurs à microsystème qui leur permettront d'être seuls sur leur marché, ce qui leur permettra d'offrir quelque chose qui serait unique. C'est pour les multinationales et celles-ci proviennent des États-Unis, de la Chine ou du Japon.
Ces gars-là savent de quoi ils parlent. Habituellement, ils ont leur propre équipe de conception et où ils sont vraiment pour soutenir la fabrication de leurs idées et voir comment ils peuvent devenir quelque chose qui deviendra fabriquable parce que c'est le problème. Tout le temps, les gens ont toutes ces bonnes idées, mais la plupart du temps, nous ne pouvons tout simplement pas le faire seuls. Il faut réinventer de nouveaux matériaux, il faut réinventer de nouveaux processus, mais c'est vraiment ce que nous faisons.
[musique]
Thierry : Les multinationales se rendront au C2MI pour tester leurs conceptions de fabrication et les remanier pour la production industrielle. S'il existe déjà une solution, C2MI facilite le contact avec les entreprises qui peuvent exécuter au travail. Pour les PME, le travail de validation de ce dont elles ont besoin pour fabriquer leurs produits va encore plus loin. C2MI les aide à déconstruire le processus de fabrication et leur permet de fixer le prix de chaque étape pour produire leurs composants microélectroniques.
Norman : Nous avons de nombreuses PME capables d'en faire une partie, mais qui ont besoin de beaucoup d'efforts pour s'assurer qu'elles comprennent exactement ce dont elles ont besoin. Nous avons ces petites entreprises, qui sont pour moi les plus intéressantes parce que leurs idées sont excellentes, elles croient que tout est facile à faire et qu'elles ont besoin d'être coaches d'une manière ou d'une autre.
Thierry : Des multinationales aux PME en passant par les startups de semi-conducteurs, C2MI résout les problèmes de fabrication à toutes les étapes de la production. Malgré les avantages obtenus grâce à la collaboration, certaines entreprises en démarrage hésitent encore à partager leurs stratégies avec C2MI. Norman donne des précisions.
Norman : Nous avons eu cette autre petite entreprise où il nous a fallu un an pour les convaincre qu'ils devaient nous faire part de leur stratégie. Ils nous demandaient toutes sortes de choses et nous nous sommes dit : « Oui, les gars, oui, nous pouvons le faire. Vous constaterez après un certain temps qu'en partageant votre stratégie avec un partenaire, ce partenaire peut apporter un point de vue différent sur la façon dont vous pourriez aborder ce marché et, ce faisant, vous deviendrez beaucoup plus efficace.
[musique]
Thierry : Lorsqu'on demande à C2MI de concevoir des travaux avec de nouveaux matériaux ou de trouver de nouvelles applications industrielles, il s'appuyer sur ses collaborations avec les universités pour aider ses clients.
Norman : Nous sommes experts sur la façon dont vous fabriquez un produit ? Nous ne sommes pas là pour être à la hauteur des nouvelles technologies en soi. Lorsque nous avons besoin de cette nouvelle technologie, de ce nouvel ensemble de matériel, nous travaillons avec les universités. Ils sont les meilleurs, ils trouveront la recette parfaite pour ça. Nous sommes experts dans l'utilisation de ces technologies ou de la science pure et nous serons en mesure de traduire cela en quelque chose qui serait un atout pour quiconque deviendra quelque chose qui facilitera la commercialisation de leurs produits.
Thierry : Lorsque le risque pour les multinationales de s'associer à des entreprises en démarrage est trop élevé, elles demanderont à C2MI d'intervenir.
Norman : S'ils ne s'embarquent pas avec eux, ils nous appelleront et diront : « C2MI, êtes-vous intéressé à faire le travail en notre nom ? Dans une certaine mesure, ils ne nous embauchent pas comme centre de développement pour eux, mais ils nous enverront leur client potentiel et ils nous diront : « Écoutez, si vous travaillez avec eux, nous partagerons la PI dont nous disposons pour que vous gagnerez du temps, vous gagnerez des efforts. Vous ne serez pas en mesure de réinventer la roue à la fin de leur séjour là-bas.
Si jamais ils réussissent, lorsqu'ils atteignent un certain niveau de volume et un million de dollars par année, ce partenaire sera transféré à nouveau au partenaire manufacturier. C2M1 est vraiment basé sur un modèle de collaboration où si le risque est trop important pour les fabricants établis au Canada, ces gars nous enverront le client potentiel, ils nous donneront une grande partie de la PI associée au partenaire. Nous allons développer le projet presque en leur nom et ce faisant, nous éliminons la plupart des risques associés à un produit. Le seul risque est l'acceptation du produit sur le marché.
Pour un investisseur qui regarde la start-up, il voit qu'il a accès à la PI, qu'il a accès à un centre de pointe comme C2MI avec outil de fabrication, et qu'il a également accès à la chaîne d'approvisionnement.
Thierry : Quelle occasion pour vous. Je pense que lorsque nous avons parlé en 2016, si je ne me trompe pas, il y avait peut-être 10 personnes qui travaillaient à C2MI, y compris les administrateurs de Moez et maintenant vous êtes jusqu'à 50 personnes et beaucoup plus d'ingénieurs qui développent ce qui doit être une capacité incroyable sur des machines de pointe qui sont absolument le modèle 0.001 de nouvelles machines pour vous aider à fabriquer ces puces à semi-conducteurs. Vous avez des problèmes réels dans l'industrie qui viennent de ces multinationales qui n'ont tout simplement pas le temps, les ressources ou la boîte à outils qui leur permettent de développer ces technologies.
Le rôle de C2MI évolue vers un endroit où vous pouvez réduire les risques liés à ces technologies, comme vous le disiez, que vous pouvez réellement entreprendre le projet avec l'expertise que vous développez à mesure que vous acquérez de plus en plus de connaissances sur l'utilisation des machines et l'optimisation de leur étalonnage pour fabriquer ces produits et ensuite réduire les risques liés au processus de commercialisation en étant en mesure de dire essentiellement : « Nous pouvons en construire un million. Nous pouvons le faire dans ce délai et voici quel sera le coût. » C'est une ressource et une expertise extraordinaires que vous développez ici, Norman. C'est fantastique.
Norman : Une partie du modèle consiste vraiment à en fournir quelques-uns. Nous devons rester pertinents pour l'industrie, donc nous achetons ces nouveaux outils sur une base annuelle. Les outils que nous apportons sont toujours de nouveaux outils, de toutes nouvelles capacités. Nous avons inventé une sorte de consortium, si vous voulez, mais les gens ont commencé à nous donner de l'argent pour développer des technologies qui seront utiles pour l'avenir. Les 15 millions de dollars de nouveaux outils que nous apportons à C2MI cette année nous permettront d'explorer de nouvelles technologies que nous n'avions pas. Nous pourrions doubler la surface ici, nous pourrions investir 100 millions de dollars supplémentaires dans de nouveaux équipements afin de répondre aux nouvelles technologies. C'est sans fin. La technologie dont les gens auront besoin à l'avenir grâce à l'Internet des objets, à cause de la MedTech, à cause de l'IA, vous pouvez poursuivre cela régulièrement.
Le modèle qui est très intéressant pour les fabricants au Canada est celui où nous achetons ces outils et où nous développons un processus de base, et ils arrivent avec leurs nouvelles technologies ou leur nouveau produit là où ils veulent mettre en œuvre ces outils électroniques.
systèmes. En se basant sur l'expérience qu'ils ont acquise, ils font leur investissement par la suite dans leur propre magasin.
Thierry : Lorsqu'elles développent des procédés de fabrication à l'aide de la technologie de C2MI, les entreprises peuvent ensuite reproduire ces processus, en investissant dans leurs propres installations pour optimiser leurs opérations de fabrication.
Norman : En bref, ils ont réussi à développer leur produit et ils agrandissent maintenant leur espace de fabrication et ils vont installer de nouveaux équipements afin de reproduire exactement ce qu'ils ont eu. Je ne cesse de dire à mon conseil d'administration que si je reste pertinent pour ces fabricants au Canada, si je reste pertinent pour ces grandes entreprises qui ont des idées sur l'intégration de systèmes embarqués dans leur produit pour rendre leur produit connecté à Internet, pour rendre leur produit même intelligent, pour que leurs produits génèrent des données afin que l'IA ait une spécification d'applications potentielles dans leur champ d'application, les gens continueront de venir à C2MI pour développer leurs technologies.
Thierry : En 2019, les partenaires fondateurs ont pu travailler sur près de 175 nouveaux projets de microélectronique. Pour que C2MIt demeure pertinent, il est essentiel qu'ils utilisent des technologies de pointe sur lesquelles ils pourront développer la microélectronique de demain. Revenons à la conversation.
Qu'est-ce qu'un C2MI offre en termes de potentiel pour apporter une partie de cette fabrication à valeur ajoutée de haute technologie ici même en Amérique du Nord ? Quel est le potentiel que vous voyez dans l'avenir pour C2MI ?
Norman : Il est intéressant de voir la perception que tout se fait en Asie. Pour ce qui est de la microélectronique ou des capteurs, si vous voulez, je dirais que près de 50 % de toute la production est réalisée dans les pays occidentaux. Pour commencer, on a l'impression que tout est fait en Asie, ce qui n'est pas le cas. Pour une raison précise que beaucoup de décideurs ignorent vraiment, il y a des années et des années que l'électronique subit d'énormes pressions pour améliorer la productivité.
Thierry : La pression pour améliorer la productivité des appareils microélectroniques est énorme. Chaque année, les gens veulent des choses plus petites et plus puissantes. Norman décrit l'impact de cette pression sur l'industrie de la microélectronique.
Norman : Lorsque vous visitez des entreprises qui s'intéressent à l'assemblage de microélectronique, la plupart de leurs sites de fabrication sont entièrement automatisés. Ils sont intégrés. Vous ne voyez pas beaucoup de gens sur leur ligne.
Thierry : Ces usines automatisées ont permis aux entreprises de conserver leurs sites de fabrication dans les pays occidentaux, limitant ainsi l'impact de la baisse des salaires dans les pays de l'Est. Voyons maintenant ce qui se passe au Québec et au Canada.
Norman : Maintenant, en regardant l'industrie ici au Québec, personne ne sait que cette industrie est aussi grande que l'industrie aérospatiale. Nous avons 45 000 personnes qui travaillent dans
microélectronique ou capteurs ou microsystèmes. Le PIB est d'environ 5,5 milliards de dollars, soit autant que celui de l'aérospatiale, mais personne ne le sait. Pourquoi ? Parce que nous n'avons aucun produit. Nous sommes intégrés. Les gens embarquent l'électronique dans un produit final. Si je dirais : « Est-ce que vous verrez maintenant le fabricant du simulateur de vol dans l'Ouest-de-l'Île de Montréal ? Tout le monde les connaît. Croyez-vous qu'ils s'adonnent à l'industrie aérospatiale ou à l'industrie de la microélectronique ? Eh bien, la plus grande partie de ce qu'ils font, c'est de l'électronique.
Ils font des logiciels, ils font de l'électronique et ils ont quelques pistons hydrauliques pour le simulateur de vol, mais ils s'intéressent à l'aérospatiale. Les gens ne les voient que dans l'aérospatiale. C'est l'un des défis que nous avons à relever parce que nous n'avons pas de produit final en tant que tel. Les gens nous voient comme n'étant pas présents du tout. C'est une industrie importante au Québec. C'est aussi une industrie importante dans le monde entier. J'ai examiné ce qui a été fait en matière d'investissements dans le monde entier dans l'électronique et je dirais que 50 % de tous les investissements importants ont également été effectués dans les pays occidentaux.
Là où le Canada et le Québec manquent, c'est d'avoir un site de fabrication pour l'électronique elle-même. Nous pouvons faire des capteurs, Teledyne Dalsa est le leader mondial en tant que fonderie indépendante. Nous pouvons faire l'assemblage de semi-conducteurs, IBM possède le plus grand site en Amérique du Nord. Au Canada, nous avons Celestica qui est l'un des plus grands sites d'assemblage de produits au niveau des sous-systèmes si vous voulez. Au Québec, nous en avons quelques-uns. Nous avons Varitron, nous avons Gentec. Nous en avons quelques-uns qui sont capables de faire presque n'importe quoi.
[musique]
Thierry : L'écosystème électronique du Québec est représenté par l'ISEQ, une association nouvellement constituée de quatre groupes répartis à travers la province. Au Canada, il est représenté par CMC Microsystems, un organisme sans but lucratif représentant le réseau national de conception du Canada, ou CNDN, un réseau national de 10 000 participants universitaires et de plus de 1 000 entreprises qui développent des innovations dans le domaine des micronanotechnologies. Le CNDN est reconnu comme un important centre de recherche et a reçu un financement de la Fondation canadienne pour l'innovation et du programme Grandes initiatives scientifiques.
Le problème est qu'il n'y a pas de grand fabricant dans lequel tous ces composants microélectroniques filtrent. Le Canada ne dispose pas d'Apple, de Google ou d'un autre grand acteur qui utilise tous les sous-composants électriques et les assemble dans un système plus grand.
Norman : Tous ces gars sont là et les gens les voient parce qu'ils offrent le produit final dans la chaîne d'approvisionnement. Maintenant, ce sera comme un gratte-ciel, vous les voyez là en haut. Avez-vous déjà vu un gratte-ciel sans fondation énorme ? L'IA sans données n'est rien. La portée de l'application sans données n'est rien non plus. Nous avons besoin des capteurs pour générer les données. Vous avez besoin des services de télécommunication, de la 5G et du LT pour transporter ces données dans les systèmes.
Ce n'est qu'alors que vous êtes capable de faire des applications ou de l'IA. Avant, ce n'est tout simplement pas possible. Lorsque les gens reconnaissent cela, ils reconnaissent qu'il est impossible d'obtenir l'IA sans l'industrie de la microélectronique, et c'est ce que nous offrons.
Nous offrons cette fondation, le sous-sol du gratte-ciel. Oui, c'est cool. Les gens voient ça, les gens en parlent, mais en même temps, sans cette base importante que nous offrons, rien n'existerait. L'électronique au Canada, 35 % se trouve au Québec, 45 % en Ontario, et le reste est dispersé en Colombie-Britannique, peut-être aussi en Alberta, mais nous couvrons tous les marchés spatiaux. Comme je l'ai mentionné, les transports, les télécommunications, la défense, la sécurité, les technologies médicales et la microélectronique sont intégrés partout.
Quand on regarde l'industrie que nous avons, je dirais que les 730 sociétés différentes au Québec couvrent tous les segments de marché et qu'à peu près au même niveau, 10 à 15 % d'entre elles couvrent chacun des secteurs.
Devrions-nous en faire plus ? Si nous voulons être indépendants des autres pays, la seule chose qui manque au Québec ou au Canada serait la fabrication électronique qui fait défaut. Nous n'en avons pas, malheureusement, et je pense que nous devrions travailler sur cette question.
Thierry : L'industrie de la microélectronique développe également des applications ciblant la COVID-19.
Norman : Lorsque nous parlons de la COVID-19, jusqu'à présent, le gouvernement du Canada a travaillé avec différentes entreprises pour obtenir les ventilateurs. Tous deux nous ont contactés pour obtenir le capteur de pression dont ils avaient besoin. Nous travaillons avec eux. C'est un projet long, très long, parce qu'il nécessite également beaucoup de développement. Si nous voulons être indépendants sur certains de ces équipements, eh bien, C2MI, Teledyne DALSA, pourraient faire partie de la solution.
Nous travaillons également sur un biocapteurs pour effectuer des tests COVID en quelques minutes. Nous travaillons avec des universités et, peut-être, une entreprise qui sera prête à commercialiser cela.
Thierry : La souche de la COVID-19 a révélé les lacunes du Canada en matière de fabrication. De quoi le pays a-t-il besoin pour devenir indépendant dans la production de produits électroniques ? Norman donne plus de détails.
Norman : Si nous voulons être capables de faire nos propres choses, il faudra investir davantage, mais nous sommes près d'un écosystème qui pourrait fournir presque tout pour fabriquer n'importe quel produit dont le Canada aurait besoin pour être indépendant et capable de faire ses propres choses sur n'importe quel marché.
Thierry : Ouah. C'est incroyable et un point tellement fondamental que vous soulevez ici et merci d'avoir partagé cette information privilégiée que, comme vous le dites, nous négligons vraiment l'importance de la microélectronique qui alimente les industries de toutes formes et tailles différentes. Fondamentalement, cette fondation, cette plomberie lorsque vous dépouillez ces gratte-ciel
comme vous le dites si éloquemment, il y a cette fondation là et rien ne peut atteindre le sommet sans une base solide.
Il semble que ce que vous dites, et corrigez-moi s'il vous plaît si je me trompe, c'est que nous avons tous ces différents éléments, comme vous disiez, des Dalsa de Teledyne aux Varitons, aux Celesticas, et toutes ces différentes sortes de composants distincts dans l'écosystème. Nous n'avons toujours pas besoin d'avoir cette indépendance en ce qui concerne cet assemblage, la chaîne d'assemblage globale pour prendre tous ces différents composants, et ensuite faire cette fabrication électronique en sortie avec un seul produit au Québec ou au Canada.
Jusqu'à ce que nous en arrivions à cette étape, nous nous préparons à atteindre cette étape, mais nous manquons le dernier espace où tous ces différents composants électroniques, des capteurs à tout ce qui est nécessaire à la création de la microélectronique pour entrer dans un système plus grand, nous n'avons toujours pas cette capacité de fabrication. À quoi ça ressemble ? Juste parce que, encore une fois, nous cherchons des marchés, l'émission s'appelle The Market Hunt. Quelles conditions devrait-on mettre en place pour que quelque chose comme ça se produise dans l'avenir ?
[musique]
Norman : C'est une bonne question. J'ai réfléchi à ce qui manque, et je pense que c'est la compréhension globale de la capacité dont nous disposons. Je ne crois pas qu'il soit reconnu par tout le gouvernement jusqu'à présent. Les capacités de cette industrie sont très importantes. À l'époque où nous avions... ce qui était... Nortel. Lorsque Nortel était présent au Canada, Nortel était le fleuron, le fleuron qui était capable de parler avec le gouvernement, pour s'assurer que nous développions une technologie qui positionnerait le Canada au bon endroit. Ce produit phare, nous n'avons pas encore. Nous n'avons pas cette grande entreprise qui sera le moteur de la technologie et qui veillera à ce que le Canada suive le chef de file dans quelque chose qui positionnerait le Canada de la manière appropriée.
C'est ce qui nous manque, je crois, au Canada. C2MI commence à jouer, nous sommes un fleuron. Nous sommes un centre merveilleux. Nous disposons d'un fonctionnement à la fine pointe de la technologie. Nous sommes de loin le plus grand centre du Canada. Et j'aurais tendance à dire que nous sommes le plus grand même en Amérique du Nord. Cependant, nous sommes encore dans une période de croissance où nous n'avons pas la bande passante pour jouer ce rôle pour le moment. Pourquoi ? Parce que je dois réinvestir régulièrement dans l'installation, comme je l'ai mentionné, pour demeurer pertinent pour nos clients.
Il s'agit de savoir si nous pourrions dépenser des millions de dollars pour parcourir le Canada et nous assurer que nous sommes bien reconnus par tout le monde ou si je peux quand même être pertinent pour mes clients et continuer à croître jusqu'à ce que cette taille soit si importante que les gens reconnaissent l'impact de l'industrie des semi-conducteurs. Cela étant dit, il y a des programmes qui existent au Canada et au Québec. L'une d'elles au Québec est celle de la zone d'innovation dont vous avez peut-être entendu parler. Nous essayons de nous positionner dans une telle zone. Nous avons réussi, comme je le mentionnais, à reconnaître l'industrie comme étant un code d'excellence par le gouvernement du Québec.
[musique]
Thierry : Pour en savoir plus sur les zones d'innovation et les centres d'excellence, consultez nos notes d'épisodes sur le site Web ie-knowledgehub.ca. Le Canada verra-t-il un jour l'émergence d'une stratégie nationale de fabrication de microélectronique ?
[musique]
Norman : La stratégie serait de se connecter à tous ces segments de marché. L'industrie aérospatiale est bien organisée, mais nous ne les avons pas vraiment rencontrées. Nous ne leur avons pas vendu ce que l'industrie est capable de faire. Vous m'entendrez souvent dire que le C2MI de l'industrie fait partie de l'industrie C2MI. Nous aurons du succès si l'industrie réussit. Pour moi, l'industrie doit briller, l'industrie doit se connecter à tous ces secteurs verticaux parce que nous sommes horizontaux.
Toutes les technologies utilisées dans le transport terrestre et qui sont très probablement utilisées dans l'aérospatiale et très probablement utilisées dans les télécommunications, sont très similaires et vous pouvez les réutiliser d'un segment de marché à l'autre. L'aspect fondamental est de s'assurer que l'industrie reconnaît les différentes capacités qui existent et que l'industrie est concurrentielle sur le plan des coûts en même temps.
[musique]
Thierry : En voyant quels sont les problèmes que vous avez, je pense que vous les avez présentés de manière concise et peut-être que quelqu'un qui vous écoute répondra à l'appel et dira : « Eh bien, en fait, c'est exactement ce qui doit arriver, c'est un chef d'orchestre. Malheureusement, d'après ce que nous avons appris ici au centre de connaissances de l'IE-Knowledge, c'est que pour tant de secteurs, nous dépendons des revenus pour pouvoir manger et survivre à court terme.
Tant que nous financerons une partie de l'innovation, mais pas toute l'innovation, il sera difficile de créer une autre entreprise semblable à Nortel qui aura le poids de pouvoir intégrer tous ces différents composants distincts et ensuite contrebalancer les poids de l'industrie aérospatiale et des différentes industries manufacturières qui utilisent tous ces composants. C'est presque une tâche impossible pour quelque chose comme le C2MI, et encore moins pour une PME indépendante ou une organisation appartenant à des Canadiens qui peut aller de l'avant et voler par ses propres ailes. Jusqu'à ce que cela change, jusqu'à ce que les gens le reconnaissent, nous serons toujours là où nous en sommes.
C'est une bonne chose de savoir quel est le problème et j'espère que nous allons faire avancer les gens dans la bonne direction parce que, comme nous pouvons tous le reconnaître, il est essentiel que le Canada ait cette indépendance et cette capacité d'être autonome alors que la microélectronique devient de plus en plus importante dans tous les aspects de notre mode de vie, et pour la fabrication, les transports, la sécurité, la défense, l'IA, la cybertechnologie et tout le reste. cela va avec la vie au xxie siècle et au-delà.
[musique]
Norman : Je changerais légèrement ce que M. Pierre Elliott Trudeau a dit il y a de nombreuses années, je crois que c'était dans les années 70. Quelqu'un lui a demandé alors que nous avions cette crise au Québec où il y avait le Front de libération du Québec, peu importe, nous avons l'armée. Quelqu'un lui a demandé : « Est-ce que tu ferais vraiment ça ? Il a dit : « Regardez-moi. D'après ce que vous avez dit, je vous le dis, regardez-nous simplement. Je crois que nous avons un projet d'envergure qui arrive et si nous réussissons, l'industrie électronique sera bien reconnue par le gouvernement du Québec. La prochaine étape sera le Fonds stratégique pour l'innovation avec le gouvernement du Canada, nous avons également discuté avec eux. Il y a de l'intérêt.
Je pense que les gens commencent à voir que l'industrie électronique est forte et que nous en avons besoin pour positionner le Canada pour l'avenir. Une crise comme cette crise pandémique ne fera qu'ouvrir les yeux aux gens et ils remarqueront que, oui, nous avons besoin de masques, nous avons besoin de ventilateurs, nous avons besoin d'autres choses et que les autres choses sont toutes contrôlées par l'électronique, donc nous avons besoin que cette industrie soit forte pour que le Canada ou le Québec soient forts également à l'avenir.
Thierry : Market Hunt est produit par Cartouche Media en collaboration avec Seratone Studios à Montréal et Pop Up Podcasting à Ottawa. Market Hunt fait partie du réseau IE-Knowledge Hub Network. Le financement de ce programme provient du Conseil des ressources en sciences humaines du Canada. Producteurs exécutifs Hamid Etemad, Université McGill, Faculté de gestion Desautels et Hamed Motaghi, Université du Québec en Outaouais. Producteur associé, Jose Orlando Montes, Université du Québec à Montréal. Producteurs techniques, Simon Petraki Seratone Studio et Lisa Querido Pop Up Podcasting. Consultant en spectacle, JP Davidson. Oeuvre de Melissa Gendron. Vous pouvez consulter l'étude de cas IE-Knowledge Hub sur le C2MI ainsi que d'autres cas à ie-knowledgehub.ca. Pour Market Hunt, je suis Thierry Harris. Merci de m'avoir écouté.
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